L'histoire de la lobotomie

Publié le par Queen Charlotte

Descriptif

 

La lobotomie est une opération chirurgicale du cerveau consistant à détruire massivement l’ensemble des fibres reliant un lobe cérébral, souvent le lobe frontal, au reste du cerveau. Elle apparaît à la fin du XIXe siécle dans le but de traiter les maladies mentales telles que la schizophrénie, l’épilepsie ou les maux de tête chroniques.

On parle également de leucotomie, dans le cas où seulement certaines fibres nerveuses sont sectionnées.

 

Le lobe frontal est le plus souvent concerné par cette pratique. En effet, la partie préfrontale du lobe gère l’impulsion, le jugement, le langage, la mémoire, la personnalité, la sociabilité, la spontanéité, le comportement sexuel. La partie dite en profondeur du lobe n’étant que rarement touchée (contrôle moteur).

Les effets recherchés de la lobotomie sont donc une modification de la personnalité, de la spontanéité, de la libido. Parfois, une lobotomie peut aboutir à un état proche de la schizophrénie, parfois elle peut atténuer les effets de celle-ci.

Les patients devenaient généralement asociaux, moins flexibles, perdaient leurs capacités d’adaptation.

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Historique

 

C’est en 1890, que Gottlieb Burckhardt, directeur d’un hôpital en Suisse, traite pour la première fois des patients dits « agités ». Sur 6 patients traités par leucotomie, 2 décèdent, laissant les 4 autres dans un état plus ou moins désastreux.

 

En 1935, lors d’une conférence, le Dr Jacobsen et le Pr Fulton présentent le chimpanzé Becky,  "animal émotionnel à faible tolérance à la frustration", devenue "presque souriante" après ablation des lobes frontaux.

C’est alors que le neurologue Egas Moniz s’intéresse au sujet, et pratique à son tour une déconnexion des lobes frontaux chez une femme internée, avec injection d’alcool. Les résultats sont ambigus, la personne est moins "agitée" mais devient apathique. A force de pratique, il formalise cette technique, affiche seulement 6% de décès, et obtient un Prix Nobel  en 1949.

 

Mais ce n’est qu’après la Secondaire Guerre Mondiale que la lobotomie connaît un véritable essor. Entre 1945 et 1954, on considère que 100 000 personnes furent lobotomisées dans le monde.

Durant les années 50, l’américain Walter Freeman perfectionne la technique en créant l’approche transorbitaire. Pour ne pas perforer le crane, il passe par l’œil à l’aide d’un pic à glace et d’un maillet, moyennant parfois une anesthésie locale.

C’est alors que Freeman parcourt les Etats-Unis dans un autocar pour pratiquer des lobotomies en série, opérant ainsi quelque 2 500 patients. Cette pratique reçut un grand succès, considérée comme étant un grand mouvement de l’ "hygiène mentale".

 

C’est à cette même époque que de sérieux doutes commencèrent à se faire entendre, notamment du fait de sa nature irréversible et barbare. Avec la découverte des produits neuroactifs plus efficaces et moins dangereux, la lobotomie décline dans les années 60.

 

En 1977 , le congrès américain fonde le Comité National pour la protection des sujets humains, des biomédecines et de la recherche comportementale, afin d’enquêter sur l’efficacité réelle de la lobotomie, aussi bien d’un point de vue éthique que médical. Malgré des effets positifs dans le traitement de certaines maladies incurables, elle fut interdite dans de nombreux pays tels que la France, l’Allemagne, le Japon et la plupart des Etats-Unis.

La lobotomie est aujourd’hui considéré comme barbare et extrêmement dangereuse mais reste employée dans des cas extrêmes tels que pour le traitement de maladies de l’ordre de trouble obsessionnel compulsif.

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